Notre article est sur le céramiste français, le plus grand artiste d’une belle époque, qui a laissé derrière lui beaucoup d’exemples magiques de céramique de façade Art Nouveau.
Alexandre Bigot est devenu l’un des plus grands artistes d’artisanat, l’étoile la plus brillante qui s’est éclatée à l’époque d’Art Nouveau, un exemple de ce qu’en exerçant un métier choisi et aimé on peut atteindre un succès et une gloire sans précédent, et devenir avec son oeuvre une partie du patrimoine culturel mondial.
Alexandre Bigot est né en France, dans la ville de Mer le 5 novembre 1862. Après des études brillantes à l’Université de Caen (Caen-Normandie), il poursuit ses études à la Sorbonne. Spécialisé dans des matières telles que la physique et la chimie, il obtient son doctorat en 1890 et devient professeur à l’École des Mines.
Mais un an auparavant, en 1889, l’événement le plus significatif de sa vie s’est produit. Il a tourné la vie du docteur en chimie et en physique dans une direction tout à fait différente, à première vue, loin des sciences exactes.
Cette année-là a eu lieu l’exposition universelle à Paris, consacrée au centenaire de la révolution française. De nombreuses innovations technologiques – les résultats du progrès technique et de la révolution industrielle y ont été présentées. La fameuse Tour Eiffel, qui est devenue plus tard le symbole de Paris, a été réalisée pour cette exposition.
Cependant, ce ne sont pas des machines-outils uniques et des constructions en fer qui ont conquis le coeur du jeune physicien, mais la céramique. Des objets apparemment ordinaires dans les mains des maîtres orientaux se transformaient en chefs-d’oeuvre, dont on ne peut pas détourner les yeux et il est impossible de ne pas toucher ces objets étonnamment tactiles et chauds. La céramique a profondement impressionné Bigot et il a commencé à l’étudier.
Des connaissances solides sur la physique et la chimie, ainsi qu’un laboratoire équipé d’un four de cuisson, lui permettent d’effectuer des vastes expériences avec de l’argile, des acides et des métaux. Ainsi sont nés ses émaux-chauds, uniques, avec une riche gamme de couleurs. Comme le vernis Stradivarius pour les violons, les émaux Bigot ont permis à la céramique de «sonner» d’une nouvelle manière.
En 1897, Alexandre Bigot crée une usine sur la Rue des Petits-Écuries et commence la production industrielle de sa céramique de façade. Les premiers travaux du maître sont réalisés dans le style de Bernard Palissy – naturaliste et céramiste du XVIe siècle, dont nous avons déjà écrit sur notre site. Une caractéristique importante de la céramique de Palissy était des images en relief d’amphibiens et de poissons en merveilleux glaçures de majolique translucides imitant les profondeurs de l’eau et l’éclat des écailles d’argent.
Cette expérience venue des fonds de siècles s’adaptait aussi bien que possible pour l’époque d’Alexandre Bigot – le style Art Nouveau avec ses motifs naturels dominait en France à cette époque. Silhouettes et figures d’animaux, ornements végétaux, fleurs volumineuses, plantes en métal et en céramique étaient au sommet de la popularité. Art Nouveau est à juste titre considéré comme l’un des plus beaux styles d’art. En fait, les céramiques Bigot étaient destinées à l’Art Nouveau – elles étaient comme si elles étaient créées l’une pour l’autre.
Après avoir entré à l’Union des architectes, l’un des premiers, juste après sa création en 1890, Alexandre Bigot collaborait étroitement avec de meilleurs architectes de son temps. Et déjà pendant 1894-1898, Bigot construit un magnifique Castel Béranger avec un jeune architecte peu connu Hector Guimard. Le bâtiment est considéré comme l’un des chefs-d’oeuvre de l’Art Nouveau français. Les carreaux en céramique fabriqués par Bigot ont été utilisés pour décorer les murs et le sol. La céramique de façade du bâtiment est présenté en panneaux décoratifs en relief. Et partout une merveilleuse glaçure nacré a été appliquée — une caractéristique distinctive céramique de façade à Alexander Bigot.
Plus tard, après avoir reçu le prix du «Figaro», Guimard organisait des visites du Castel Béranger. À la fin du XXe siècle, le bâtiment est devenu un monument architectural, en grande partie grâce à Alexander Bigot.
Après avoir participé au projet Guimard, Bigot commence une collaboration avec un célèbre architecte Jules Lavirotte.
Le premier résultat de cette collaboration est la maison numéro 3 de la place Rappe à Paris.L’entrée est encadrée d’un portail élégant: colonnes stylisées surmontées d’ornements végétaux et de trois pierres massives. Ces derniers forment également une balustrade pour la fenêtre du deuxième étage. Des balcons massifs et richement décorés du cinquième étage constituent un contrepoids aux balcons élégants du troisième étage.
La combinaison de supports de différentes tailles, l’utilisation de feuilles d’acanthe stylisées et des ornements végétaux crée un mélange des formes incroyables et uniques. Une ligne unique de balustrade de balcon forme une sorte de mur de forteresse avec des bastions.
Lavirotte comprend bien le plastique de la céramique et sa perception visuelle. Grâce à l’augmentation des dimensions du décor céramique de façade des étages inférieurs aux étages supérieurs, toute la décoration est perçue en une seule échelle.
L’année suivante, deuxième projet commun d’Alexandre Bigot et Jules Lavirotte a eu lieu: la maison 29 de la rue Rappe. Cet immeuble ne peut laisser personne indifférent. Quelqu’un a le coeur qui arrête et la maison provoque de l’enthousiasme et de la joie, et quelqu’un le considère pompeux et excessif. Mais au fil du temps, cette maison a été reconnue comme une véritable décoration de Paris et cet oeuvre des maîtres incomparables de l’Art Nouveau est considéré comme l’un des meilleurs.
Le bâtiment, entièrement décoré avec des carreaux de céramique en relief et des panneaux en relief, est devenu une véritable incarnation d’Art Nouveau.
Bigot utilise la сéramique de façade du bâtiment comme une exposition de ses produits. Ici, vous pouvez trouver des silhouettes humaines, des oiseaux et des animaux, des ornements végétaux, des boucliers héraldiques stylisés et des rocailles. L’entrée du bâtiment est décorée avec un portail somptueux. On a l’impression que des plantes géantes poussent même du sol et encadrent gracieusement le portail, qui est surmonté de figures nues d’Adam et Eve. La tête d’une femme est placée au centre — selon la légende, il s’agit d’une sculpture de la femme de Lavirotte. Dans la décoration de portail, comme dans tout l’ensemble du bâtiment, le fil du Symbolisme est tracé.
Si vous regardez bien de plus près la balustrade du deuxième étage, vous pouvez voir la tête du dragon chinois. Le balcon central soutient un support — deux têtes de taureaux tirées dans un joug. Les portes du balcon sont encadrées par des ornements végétaux.
Il faut noter l’asymétrie du bâtiment — c’est une caractéristique de l’Art Nouveau français. Grâce à l’absence de symétrie, la construction acquiert la grâce et la rigidité des formes, la singularité et la mélancolie. Le bâtiment est couronné d’une magnifique décoration de la mansarde. Une corniche lumineuse et distincte avec une décoration massive des portails des fenêtres, des colonnes en céramique et l’entrelacement des balcons se transforme en pierres clés stylisées qui font penser aux plumes sur les coiffes des hussards et les éléments d’angle aux épaulettes.
La сéramique de façade du bâtiment si richement décorée suscitait une attitude double: certains l’admiraient, d’autres l’accusaient d’excès et de gaspillage. Cependant, c’est une caractéristique des parisiens exigeants, en effet ils n’ont pas immédiatement accepté la Tour Eiffel et insistaient sur son démantèlement. En effet, les parisiens ne sont pas seuls à réagir de manière aussi aiguë à des exemples frappants d’architecture non conventionnelle. Les Moscovites n’ont pas accepté la Maison d’Igumnov à Yakimanka, et même sa propre mère a dit à son fils à propos du manoir «mauresque» d’Arseniy Morozov: «Auparavant, je savais que vous étiez un imbécile, et maintenant tout Moscou le sait aussi.»
Il est aussi à noter que malgré tous les «pour» et «contre» le bâtiment est reconnu comme un monument d’architecture au milieu du XXe siècle. Et littéralement après sa construction il a reçu le grand prix au concours de façades en 1901, comme le bâtiment avec сéramique de façade la plus belle.
Plus tard, Bigot a décoré encore plusieurs bâtiments en tandem avec Jules Lavirotte, dont le plus célèbre est le bâtiment de l’Avenue Wagram, 34, nommé «L’hôtel de la Céramique» pour son décor tout à fait étonnant sur la сéramique de façade.
Alexander Bigot a beaucoup collaboré avec d’autres architectes célèbres.
- Louis Majorelle et Henri Sauvage avec une magnifique Villa à Nancy, où, en plus des décors céramique de façade, il y a une superbe cheminée en faïence d’Alexandre Bigot en bronze émaillé aux effets métallisés.
- Auguste Perret et sa maison, une des premières en béton armé, numéro 25 à l’Avenue Benjamin Franklin à Paris, avec des frises élégantes en relief au feuillage d’automne encadrant les fenêtres du bâtiment.
- Anatole de Baudot et l’église Saint-Jean-de-Montmartre, où la Manufacture Bigot possède des céramique de façade et des décors en relief incomparables.
- André Arfidson et ses ateliers de la rue Campagne Première, 31, où un bâtiment industriel totalement utilitaire a reçu un décor si élégant et attrayant – des roses en relief sur сéramique de façade peints de glaçures délicats de tons fumés et chauds, ce qui lui apporte le Grand prix au concours des façades de Paris en 1911.
Beaucoup d’architectes et de designers ont travaillé avec Bigot lors de la construction de leurs bâtiments, il suffit de dire que rien qu’à Paris, plus d’une douzaine de leurs bâtiments ont été préservées. Et combien en France entière ne sont pas encore mentionnés dans notre article? Ces bâtiments sont devenus l’hymne d’Art Nouveau, une véritable décoration des villes, attirant des touristes du monde entier. Alexandre Bigot a créé de véritables oeuvres d’art en céramique – magnifiques et uniques сéramique de façade, impressionnantes pour le spectateur, tout comme le céramiste lui-même a été impressionné par cette exposition mémorable de 1889.
Cependant, Bigot produisait dans son usine non seulement la céramique de façade architecturale sur les commandes des architectes célèbres.. Lui-même, il développait la production des objets ménagers en céramique — portails de cheminée et fontaines, press-papiers et encreurs, vases et vaisselle.
Et en 1900, lors d’une exposition parisienne suivante, Bigot a installé son magnifique pavillon avec des échantillons de ses produits.
Le pavillon a été conçu en collaboration avec Jules Lavirotte, et représentait le groupe d’entrée de la façade. Corniche complexe, balustrade, garde-corps d’escalier, carreaux de céramique pour le sol et les murs. La plupart des éléments étaient destinés à la célèbre maison 29 de la rue Rappe. En plus, de nombreux articles ménagers et ustensiles ont été présentés. Catalogue presque complet des produits fabriqués.
Les panneaux et les vases en céramique sont recouverts d’émail délicieux de différentes nuances. Il n’y a pas de limites nettes des couleurs, pas de transitions spécialement créées de l’une à l’autre. Il semble que la mère-nature elle-même ait doté ces poteries d’une telle variété des nuances harmonieuses des couleurs.
Le pavillon était si magnifique qu’il a été entièrement racheté par le directeur du musée de Budapest, Jeno Radissik, après quoi il a été exposé soit séparément soit en entier. Il est à noter que le poids de tous les éléments du pavillon était plus de 12 tonnes.
Alexandre Bigot a cessé la production dans son usine en 1914 à la suite du déclenchement de la première guerre mondiale et, par conséquent, de la réduction de la demande pour un décor coûteux.
Le grand céramiste est mort le 27 avril 1927 à Paris, laissant derrière lui la beauté unique des céramique de façade de style Art Nouveau.